Si vous êtes passionné d’agritourisme*, de tourisme rural et de plats faits avec des produits frais des fermes locales, alors Baracoa constitue une destination idéale pour vous à Cuba !

Lorsque vous explorerez cette région profondément rurale de l’est de Cuba, vous pourrez connaître les traditions et les nouvelles pratiques agricoles des paysans et fermiers de Baracoa. À Cuba, le 17 mai est le Jour des Paysans Cubains et cet article célèbre la merveilleuse culture paysanne de Baracoa !

Partout dans la région, vous tomberez sur des paysans

Vous pouvez parcourir la région en voiture ou à vélo puis découvrir ses paysages en entament des randonnées : partout où vous irez, des paysans et des fermiers vous salueront.

Tout voyageur qui aura rencontré une famille paysanne cubaine vous le dira : les paysans et les fermiers de notre pays sont des gens merveilleux, pleins d’authenticité, joyeux… Chez eux, vous trouverez un sourire franc, un geste accueillant, une main qui serrera la vôtre spontanément : des souvenirs durables !

Cultiver la terre face à El Yunque

Il y a quelques jours, nous avons rencontré Elia et Norge en train de cueillir des haricots guandules : un type de légumineuse qui pousse sur de petits arbres. Elia nous a gentiment montré sa maison et son beau jardin, nous faisant connaître les arbres, les plantes et les herbes médicinales qu’elle cultive, dont des espèces rares, ainsi que des ruches d’abeilles de la terre qu’elle entretient.

Assis dans leur patio et entourés de grimpantes et d’arbustes tropicaux en fleur, nous avons parlé avec Elia des actualités mondiales. Elle demeure à jour et elle n’hésite pas à nous faire part de ses analyses des développements courants. On comprend tout de suite à quel point elle a les peuples du monde à cœur.

Norge nous a conviés à parcourir une ferme simple mais spectaculaire aux vues imprenables sur le mont El Yunque (quoique les vues ne soient pas ce qu’il y a de plus intéressant en ce lieu !)

Norge nous a parlé de sa manière spéciale de pratiquer l’agriculture sur cette colline de terre rouge : parmi une myriade de cocotiers, bananiers, manguiers et autres arbres à fruits, il sème en continu des tomates, des fèves, du taro, des patates douces, du manioc, des ananas… De la sorte, il tire profit maximum du rendement de ces terres pour l’autosuffisance alimentaire de sa famille et pour contribuer à la production de la région.

Les montagnes de Baracoa : un milieu abrupt et dur pour l’agriculture

Environ 95 % du territoire de Baracoa est composé de montagnes aux pentes prononcées. Cela empêche les paysans d’utiliser des équipements et des technologies modernes pour semer, arroser et cueillir leurs produits agricoles. Tout paysan local pourra vous raconter ce que cela signifie pour son travail au quotidien. Du côté positif, la région de Baracoa est la plus pluvieuse et verte du pays, comptant certaines des terres les plus fertiles à Cuba.

Nous avons aussi visité un couple d’aînés forts comme des arbres qui s’occupent depuis des décennies de leur ferme de cacao sur une colline. Ils nous ont offert une petite tasse du très bon café qu’ils cultivent et torréfient eux-mêmes. Délicieux !

Le couple a un ancien système traditionnel de séchage du café et du cacao : un toit en fronde de palmier sous lequel il y a un tiroir glissant qui reste à l’abri lorsqu’il pleut et qui peut être exposé au soleil lorsqu’il fait beau. Nous voulions voir personnellement ce type d’artefact : il n’en reste pas beaucoup à Baracoa. Ainsi, ils transforment pour leur propre consommation une partie du café et du cacao qu’ils produisent, car à Baracoa on aime toujours la tradition du fameux chorote, une boisson de cacao nourrissante et délicieuse.

Les enfants de ce couple sont devenus professionnels universitaires et leurs petits-enfants ne sont pas restés à la campagne, eux non plus. À l’âge de 78 et 83 ans, ils s’occupent toujours de tout le travail de leur ferme, descendant et remontant la colline tous les jours.

Les apiculteurs de Baracoa

À la différence de ce qui arrive sous d’autres latitudes, à Cuba les abeilles sont en excellente santé et produisent abondamment de miel. Baracoa compte des apiculteurs qui consacrent le meilleur de leur temps, de leur talent et de leur amour à la production d’un miel exquis.

Si vous passez saluer une de ces familles, vous pourrez parler avec ses membres de la production de miel à Cuba et même mettre les doigts sur ce miel pur de Baracoa, parfumé de divines fleurs tropicales…

Les fermes familiales de cacao à El Güirito

Le cacao est intimement lié à l’identité paysanne de Baracoa. Dans la petite communauté d’El Güirito, vous pouvez visiter l’une des petites fermes familiales qui reçoivent les amateurs de chocolat et d’agrotourisme pour leur offrir une présentation et une dégustation du cacao bio pur, de qualité d’exportation, qu’on produit dans ces terres.

Agriculture écologique et permaculture

Dans notre région, vous pouvez rencontrer des familles paysannes qui pratiquent l’agriculture écologique et la permaculture. Leur mode de vie et leurs projets sont des plus inspirants et leur hospitalité est sans égal.

Vous pouvez visiter les fermes écologiques au Parc National Alexandre de Humboldt ainsi qu’une ferme de permaculture dans la communauté de Quibiján, en pleine Réserve de la Biosphère Cuchillas del Toa.

Les paysans cubains : une histoire d’émancipation

Tout paysan pourra vous le raconter : avant le triomphe de la Révolution Cubaine, la vie à la campagne était marquée par l’exploitation, les évictions, la terreur aux mains des gardes ruraux, l’analphabétisme et la misère.

Proclamée le 17 mai 1959 par le Commandant en chef Fidel Castro depuis la Sierra Maestra, la Réforme Agraire a été l’une des premières et plus importantes mesures de transformation du pays. En 2019, nous célébrons le 60^èmeAnniversaire de la première Loi de Réforme Agraire !

Le premier titre de propriété a été remis le 30 novembre 1959 à la paysanne Engracia Blet dans la communauté Naranjo del Toa, dans les montagnes de Baracoa. De nos jours, toutes les familles paysannes cubaines, même celles qui habitent les recoins les plus éloignés, ont accès à l’éducation et à la santé, grâce à un réseau d’écoles et de cliniques médicales que vous remarquerez partout sur l’île.

Un des défis principaux pour l’agriculture cubaine est l’impact négatif du blocus (« embargo ») des États-Unis contre Cuba. Les mesures illégales du blocus états-unien empêchent Cuba d’acheter des équipements et de la technologie ayant 10 % ou plus de composants faits aux États-Unis. Les bateaux de commerce qui arrivent à un port cubain se voient par la suite interdire l’accès aux ports des États-Unis pendant six mois. Et on interdit aux institutions financières de tout pays d’avoir des transactions en dollars états-uniens avec Cuba. Ce ne sont que quelques exemples.

Le 17 mai : Jour des Paysans Cubains

Le 17 mai 1946, le paysan guantanamero Niceto Pérez était assassiné car il résistait aux grands propriétaires terriens qui voulaient acheter ses terres. Et le 17 mai 1961, on mettait sur pied l’Asociación Nacional de Agricultores Pequeños (ANAP, Association Nationale de Petits Agriculteurs), une organisation qui compte aujourd’hui quelque 300 000 paysans cubains comme membres.

Le 17 mai chaque année, on souligne le Jour des Paysans Cubains. Partout au pays, les communautés paysannes et fermières réalisent des événements locaux où prévalent les messages de solidarité, ainsi que des reconnaissances aux producteurs agricoles d’avant-garde et à l’ensemble des paysans.

Les femmes paysannes sont toujours au centre de ces célébrations et, surtout, au centre du travail rural tout au long de l’année. Concrète et tangible, leur contribution quotidienne est essentielle au développement rural et humain à Cuba. Elles occupent des postes de direction et de leadership. Les femmes rurales cubaines comptent leur propre jour national, le 15 octobre de chaque année.

Comme c’est toujours le cas à Cuba, ces dates combinent solennité et joie, avec des groupes musicaux, de la danse, de la nourriture et de l’amusement. Si vous êtes à Baracoa autour de ces dates, vous pourrez approcher les paysans et partager avec eux !

Le saviez-vous ?

À Baracoa, les paysans et les paysannes effectuent un Forum Annuel d’Agroécologie. Les coopératives présentent des travaux sur des sujets divers : l’optimisation des ressources, la réutilisation des déchets, la génération de revenus. On partage des expériences et des pratiques en matière d’engrais biologiques, d’autosuffisance productive, etc. Et on intègre la participation des enfants par l’entremise d’activités diverses.

La municipalité de Baracoa compte 65 coopératives paysannes. Ce 17 mai 2019, la coopérative Abel Santamaría, à la petite communauté de Guandao, a été reconnue comme Vanguardia Nacional (chefs de file sur le plan national) pour ses accomplissements en termes de planification économique et de profitabilité. De plus, cette coopérative maintient une Maison des Traditions Paysannes, ainsi que la Campiña Pioneril, un programme d’activités pour les écoliers qui vise à assurer la relève.

Les paysannes et paysans cubains ont pour tradition annuelle de donner un « panier » de biens pour répondre aux besoins des paysannes dont le bébé est né de manière naturelle le 17 mai. De plus, et de manière continue, les organismes paysan cubains font des dons aux foyers maternels, aux centres pour aînés et aux hôpitaux.

À la ville de Baracoa elle-même, vous pourrez rencontrer aussi des agriculteurs urbains. L’un d’eux s’appelle Orlando Frómeta et il entretient un micro-jardin biologique sur la rive de la Baie de Baracoa. Également, près du pont sur la rivière Miel, vous trouverez l’organopónico municipal.

Le 17 mai de chaque année, Cuba marque aussi le Jour International contre l’Homophobie, la Lesbophobie, la Biphobie, la Transphobie et l’Intersexephobie. Il s’agit d’un autre domaine de lutte pour l’égalité et pour la justice dans lequel notre pays a accumulé des réalisations significatives lors des années récentes.

Remerciements

Nous remercions l’ANAP, Ecotur et le Parc National Alexandre de Humboldt pour leur aide pour visiter plusieurs de ces paysans et fermiers et ainsi pouvoir écrire cet article. Nous exprimons notre reconnaissance spéciale à Asunción Garrido Navarro, de l’ANAP, qui s’occupe de la sphère idéologique du secteur paysan à Baracoa et dont le soutien a été essentiel pour cet article.

* Les pratiques et les formats de l’agritourisme varient d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Dans la région de Baracoa, certaines fermes ont des années d’expérience de service aux voyageurs de partout dans le monde. D’autres saluent les visiteurs et partagent avec eux de manière plus simple et spontanée. La durée des visites peut varier de 30 minutes jusqu’à plusieurs heures. Les familles paysannes mentionnées dans cet article n’ont pas d’installations leur permettant d’offrir l’hébergement.